L'homme est un animal en constante évolution. Parfois dans le mauvais sens, parfois (souvent, admettons) dans le bon. L'une des choses qui a le plus évolué (et ces derniers temps, le plus vite) est la science. Ou plutôt les sciences dites "modernes" (Mathématiques, Physique, Chimie) en opposition aux autres sciences qui pour certaines s'en retrouvent même reléguées à l'état de non-sciences (je pense à l'acuponcture, l'homéopathie, l'astrologie, la tarologie... ) alors que si l'on s'en tient à la rigoureuse définition au sens propre de cette dernière, ces domaines ont toute la légitimité de revendiquer ce titre (rappel : L'académie Française n'en est pas encore au S dans son dernier dictionnaire, mais monsieur Robert, petit de son prénom, nous donne en résumé : "Connaissance exacte et approfondie" au sens propre, et "Tout corps de connaissances ayant un objet déterminé et reconnu, et une méthode propre ; domaine du savoir, en ce sens" pour l'étendu). L'important étant ici la "méthode propre".
Précisément, l'un des travers de la science moderne, depuis le grand boom qu'elle a connu à l'époque Victorienne, est de se considérer de plus en plus infaillible. En effet, nous explique la science moderne, elle est vérifiable, quantifiable, et, nous dit elle, elle est capable de prouver et de démontrer l'absurdité et le non-sens des sciences parallèles. Mais là où la science pêche par excès d'hubris est que pour ces preuves et ces démonstrations, elle se cantonne à sa fameuse "méthode propre".
En effet, de nos jours, il n'existe absolument AUCUNE science capable de tout démontrer, et de s'auto-démontrer, à partir de rien. La science moderne, mécanique, électronique, physique, s'appuie sur un certains nombres d'axiomes. Un axiome est une définition, une "vérité" résolument objective mais absolument indémontrable. C'est sur ces axiomes que va reposer tout travail ultérieur, toute démonstration, toute "preuve". En général, un système axiomatique est stable et bien réalisé si les axiomes peuvent s'auto démontrer les uns les autres (exemple théorique : Si nous avons 3 axiomes A, B et C, on peut se servir de B et C pour démontrer A, et de A et C pour démontrer B, par exemple). L'axiome le plus connu de la science moderne est le suivant : "toute expérience scientifique réalisée dans les même conditions donnera les même résultats. Si les résultats diffèrent, c'est qu'un paramètre non connu était différent dans les deux expériences et que les conditions n'étaient pas rigoureusement les même ." Ca "tombe sous le sens". C'est "logique". Mais c'est absolument indémontrable. C'est le principe des axiomes, le but étant dans un système qui se veut efficace et pérenne, de construire un système axiomatique plausible et objectif, et d'espérer que ça passe. Le but n'étant pas d'avancer que ces axiomes sont La Vérité, mais de s'en servir comme tremplin pour pouvoir démontrer tout le reste. C'est le principe de la science moderne, et force est de constater que c'est plutôt efficace, pour preuve les avions qui me permettent d'aller à Chicago en moins d'une demi-journée, et le joli laptop Vaio (trop clâââââsse et top design) sur lequel je compose cet article.
Mais là où de tous temps, la plupart des sciences ont mis en avant leurs axiomes, afin de les faire évoluer ou de tenter de pouvoir enfin les démontrer, le côté hush-hush victorien de la fin du dix-neuvième siècle a dû tristement déteindre sur une écrasante majorité de scientifiques modernes. En effet, la mode est à l'infaillibilité, au sûr, au technique. La science, c'est prouvé, on peut s'y laisser bercer et lui faire confiance, comme dans la société presque parfaite du Brave New World d'Aldous Huxley. Et plutôt que de se remettre en question, la "mode" est à la ridiculisation de toutes les autres sciences, théories, ou systèmes axiomatiques. Prenons la théorie des Quanta, par exemple. La physique quantique, pour vous simplifier la chose, prends pour axiome le fait que l'énergie n'est pas continue dans sa croissance, mais est quantifiable de palier en palier. Cette théorie est capable, en mécanique et en énergétique, d'expliquer et de démontrer une foultitude de phénomènes face auxquels la physique classique restait sans réponse. Eh bien croyez le ou non, cette science commence seulement à véritablement percer et à être considérée dans les milieux scientifiques sérieux, alors qu'elle est étudiée depuis plus d'un siècle ! Mais comme elle remettait en cause le système axiomatique classique, elle était ridiculisée.
La science, aujourd'hui, est devenu un dogme. L'homme a toujours été anxieux en se posant des questions sur la vie, l'univers, et le reste (42, c'est pourtant simple). Il y a un siècle, le dogme disait que les zones d'ombre étaient couvertes par Dieu, et que tout allait bien. Quand Nietzsche a tué Dieu, les hommes se sont tournés vers la science, avec un aveuglement tout aussi dogmatique que l'aveuglement religieux qui lui avait précédé. On ne VEUT pas remettre la science en cause, car se serait se remettre en cause, soi, et admettre le doute. Et l'homme, de tout temps, a toujours eu peur du doute.
C'est pour cela, que de nos jours, une science qui se prétends objective, mais qui en pratique est totalitariste, se permet de ridiculiser et de démontrer (selon ses propres axiomes, évidemment) les systèmes complexes des sciences parallèles. Les homéopathes, les acuponcteurs, les astrologues, les tarologues, et tous les autres théoriciens parallèles, sont regardés par la communauté scientifique (et, par effet de bord, par le "grand public") comme ridicules et peu sérieux. Avec autant de ridicule que tous ces scientifiques qui, il y a un siècle, système axiomatique à l'appui, étaient ridiculisés (pour les plus chanceux) pour avoir avancé et tenté de démontrer que la Terre était ronde et pas plate. Dans mille ans, quelle théorie et quel axiome actuel faisant partie de l'indéniable science moderne sera regardé avec autant d'incrédulité que celle que nous offrons face aux théories de la Terre plate du moyen âge ?
Je ne dis pas non plus qu'il faut apporter plus de crédit aux sciences parallèles qu'à la science moderne. Ni que chaque "scientifique" non classique est un érudit illuminé de sapience. Prenons par exemple l'Astrologie, puisque c'est ce thème qui a fait naitre un petit débat et m'a donné l'idée de ce post. Quand on parle d'Astrologie à quelqu'un de non-supersticieux, on reçoit en général un sourcil levé de dédain, ou une anecdote visant à la ridiculiser. Pourquoi ? Parce que dans l'esprit commun, gentiment modelé par le contexte et le carcan sociologique, l'Astrologie rime avec les livres de Brigitte Lahaye ou les colonnes du Télé Star. Et personne ne considère qu'il existe de par le monde des Astrologues "sérieux" qui ne cherchent pas à prédire l'avenir ou en quelle année Mir s'écrasera sur la Terre, mais à analyser l'influence que la position des astres peuvent avoir sur la psyché humaine, tout comme le Lune affecte les marées. Certains pouraient même postuler que la sur-médiatisation de l'Astrolo-pipeaulogie est une manière de discréditer les astrologues sérieux, mais je ne suis pas un personnage d'X-Files, et je n'ai jamais vraiment cru aux théories des complots. Juste à la bêtise humaine. Ca d'ailleurs, si je construis un jour un système scientifique, ce sera un axiome ;)
Si la science a tant avancé depuis le moyen age, c'est parce que, moyens a la clef, des érudits ont décidé de faire de leur mieux pour construire un système objectif et évolutif. De sans cesse se remettre en question. Et c'est ainsi que la plupart des axiomes modernes sont nés et ont été la source de grandes découvertes. Tristement, si la théorie est toujours là, en pratique les scientifiques modernes sont devenus aujourd'hui tout aussi bornés et convaincus de l'infaillibilité de leurs théories basiques, et la science a freiné son évolution aussi sûrement qu'un frein à disque. De nos jours, on ne découvre plus : on améliore. Certes, les améliorations sont efficaces, mais l'homme se refuse à considérer toute remise en cause qui pourrait pourtant faire avancer les choses, et je le déplore. Je ne me fais pas d'illusion : la science finira par évoluer, même si cela se fera MALGRE ELLE et non pas grâce à elle. Simplement, je déplore tout ce temps perdu (qui, nous rappelle Barbara, ne se rattrape plus) et cet auto aveuglement d'infaillibilité, que l'homme s'entête à considérer nécessaire pour être équilibré. La Science est devenue un dogme, tout aussi répréhensible que le dogme chrétien qui était la gangrène de l'évolution scientifique du siècle dernier. Pardonnons leur. Ils ne savent pas ce qu'ils font... ;)
La citation du jour : "Le but de la science n'est pas de découvrir La Vérité. Toute théorie est réfutable."
La chanson du jour : Weird Science, Oingo Boingo, "Plastic tubes and pots and pans, Bits and pieces and Magic from the hand We’re makin’ Weird Science"
Même si l'homme cherche avant tout à se rassurer, la vie est belle !