C'est un coup de fil inattendu ce jour un peu après midi qui m'a donné l'idée du sujet de ce soir. Que l'on parle ou non de fidélité, il est un fait indéniable qui s'est ancré dans notre société et nos moeurs depuis quelques dizaines d'années : les gens se quittent.
Jadis, si l'on excepte les visionnaires, les introspectifs et les libertins, la sédentarité du couple était plus une norme qu'une exception. Cimentées par la religion (mais aussi par l'isolement social et géographique), les relations entre un homme et une femme consentants avaient une certaine consistence temporelle et il était plus probable qu'à l'inverse que la personne à qui l'on se lie soit liée jusqu'à la mort (et parfois au dela, selon les religions. Demandez moi de vous parler des mariages païens à l'occasion, quand je chercherai un sujet). Parfois, je vous l'accorde, ce lien était au grand dam de l'un ou de l'autre... Parce que la stabilité de l'individu passait beaucoup par la stabilité du couple, surtout financièrement parlant, donc quitter autrui n'était pas une décision prise aussi nonchalamment.
Néanmoins, depuis quelques décades et la libération des moeurs et de la morale, les divorces deviennent presque plus fréquents que les mariages qui durent, et tout aussi fréquemment nous assistons dans notre vie ou dans notre entourage à des déchirures entre couples "bêtement" ensemble sans être reconnus religieusement ou légalement (qui est en revanche, notez le bien, l'un des avantages en effet secondaire de cet état de fait : de moins en moins de gens ont besoin de l'église ou de l'état pour se prouver à l'un ou à l'autre qu'ils s'aiment. Si l'Amour avait besoin d'étiquette, ça se saurait). Les raisons en sont multiples. Lassitude. Adultère. Préférence d'une autre personne... ou d'un autre sexe. Sentiment d'être négligé(e). La liberté de vivre et d'aimer, couplée à ce déplorable carcan monogame qui gangrène les inconscients des pays "développés" entraine le développement de la force mais aussi du désir de rompre. Effet de bord : de nombreuses larmes, même si j'admets volontiers que parfois, c'est également un bien. Mais des couples qui auraient pu survivre aux épreuves avec du temps ou de la communication ne se donnent plus cette chance de recoller les morceaux que la pérennité du couple de jadis aurait insufflé de facto.
Alors un mal, un bien ? Que dire de ces hommes et de ces femmes d'autrefois qui se sont usés, qui sont mort un peu, à l'intérieur, en étant prisonniers d'une relation avec un beau connard ou une jolie salope ? L'éphémère dans le couple est un bien pour ces gens là, même si le beau connard et la jolie salope sus-citées trouveront toujours, même dans notre monde moderne, un ou une faible qui se laissera bouffer et dominer. Et les couples qui avaient vraiment une chance, qui
auraient eu une chance, sont laissés en jachère, cadavres jonchant le sol pourri de l'amertume du temps qui passe.
Alors un bien ou un mal... j'ai du mal à fixer mon opinion. Dans un monde où le Polyamour et la non-exclusivité seraient plus répandus, je reste convaincu que ce genre de déboires seraient moins fréquents. Mais tel est le fardeau de l'homme moderne : a être devenu trop libre, la nature humaine dans ses aspects les plus fiéleux se remet à faire surface et la société va a veau l'eau...
Finissons quand même sur une note "positive," et l'anecdote qui a enfanté ma note : une amie s'est délestée de son gode à pattes, ce jour. Juste au moment où elle commençait à s'y attacher, le voilà qui dépasse ses bornes... This is the end, chantonne Morrisson dans le fond sonore de la superproduction de la Vie. Pour être franc, avec toutes les anecdotes qu'elle m'avait raconté sur lui, et sachant (un peu) ce qu'elle attends dans un couple pour en avoir parlé avec elle, cela ferait longtemps que je l'aurais plaqué, moi... Mais je suis quand même triste pour elle que ce couac arrive justement lorsqu'elle commençait à s'en éprendre. Ma grande, je te paie une chopine virtuelle, toi qui connais aussi les déboires causés par un timing pourri. Si tu as besoin d'une oreille pour râler, d'une épaule pour pleurer, d'un bras pour danser ou d'[censuré pour nos jeunes lecteurs], je suis ton homme. La vie continue. Toujours. Et elle est belle, cette salope, même si elle nous en fait baver, parfois...
La citation du jour : "Ah non mais j'accepte pas qu'on me traite comme ça moi, c'est fini"
La chanson du jour : Je m'en vas, Tri Yann, "Mes amis que la cervoise coule pour moi ! Je vous laisse mon cueur à escarté du froid, Que les vent viesnent presser mes pas ! Je voirai l'Irlande des blanches rosées, En Cambrie l'agnelle novelle née... Boirai en Cornouaille godale et poiré, L'hydromel en Bretaigne l'esté"
Même si j'aimerais tant ouvrir les yeux des exclusifs, la vie est belle !