***Article(s) en date du 23.12.08***

Les troupeaux de vieux

Ma chienne a beaucoup de chance. Si si, ne riez pas. Outre le fait qu'elle ait un maître exceptionnel, qui de plus l'adore, mon métier d'écrivain implique que je travaille le plus souvent chez moi, et donc que je peux la sortir souvent. Disons que cela compense le fait que nous allons habiter en ville pendant encore un an environ le temps que je m'achète une petite maison.

Et outre les pigeons (diurnes et non nocturnes, si vous avez suivi), il y a un autre type d'animal que nous croisons souvent, en troupeaux d'ailleurs.

Les vieux.

Voyez vous, il y a dans l'entourage proche de mon appartement une petite église avec un grand jardin, qui fait donc souvent partie des itinéraires de promenade que je m'amuse à ré-inventer et à improviser pour ma chienne.

Et dans ce jardin, il y a une petite place en terre battue, genre Roland Garros du pauvre. Et sur cette place, on y trouve généralement ça :



Une armée de vieux, jouant à la pétanque en riant fort.

Ils sont là tous les jours, ou presque, certains hèlent ma bête en l'appelant le loup, d'autres se concentrent sur le cochonnet parce que c'est sérieux ici, on joue.

Il y a dans toutes les villes, je pense, ce genre de repère pour retraités qui n'ont rien de mieux à faire de leur temps que de jouer à la pétanque. Et c'est INVARIABLEMENT la pétanque. Cette affirmation comme quoi cette pratique serait réservée au Sud de la France est clairement erronée.

Ils portent tous le même costume, ou presque. Une casquette de vieux, ou un bob. Des vieux pulls élimés qui n'ont JAMAIS connu la chance d'être à la mode. Parfois même avec les ronds en cuir cousus aux coudes pour amortir. Pantalons en velours, ou vieux survets froissés.

Il y a, je trouve, quelque chose d'assez désespérant dans cette pratique, comme si le square à pétanque devenait un ghetto volontaire dans lequel s'enfermeraient ces personnes du troisième au cinquième âge, fuyant à travers leurs boules argentées l'indiscutable vacuité de leur retraite. Fort heureusement tous les retraités ne se retrouvent pas dans ces squares (imaginez le raz de marée grandissant, avec le vieillissement de la population!), d'autres sont devant Julien Lepers ou un Monopoly. D'autres gardent fort heureusement une activité, mais combien sont ils ? 5% ? 10 ?

C'est dans ces moments là que je me dis que finalement, ma vie dissolue, l'alcool que je bois, la cocaïne dans mon nez, mon manque de sport et mes excès de caféine auront l'avantage de rendre plus que probable ma mort entre 55 et 65 ans. Et que face à ces troupeaux, ce n'est pas plus mal.

Mais promet moi, si je suis encore en vie après l'âge de la retraite, si mon corps résiste à mon train de vie décadent, et si j'ai le mauvais goût de devenir un retraité qui ne lit plus, qui ne pense plus, et qui joue à la pétanque dans un square, oui promet moi, maffieux lecteur, assassine lectrice, de me faire assassiner sur l'heure en souvenir des bons moments de lecture que je t'aurai offert, trente ou quarante ans avant cette déchéance... D'avance, merci.

NOTE : En écrivant cet article, je voulais l'illustrer d'une photo de vieux jouant à la pétanque. J'ai donc naïvement tapé "pétanque" sous Google Image. Et là, pouf, en page 1, je tombe sur ça (NSFW, clique sur l'image pour la voir en entier) :

===><===


Ah, les merveilles du net... *roule les yeux*

La citation du jour : "Ceci étant il y a bien une boule de pétanque"
La chanson du jour : The Internet is for porn, Avenue Q, "Grab your dick and double click for porn, porn, porn"

Même si une heure c'est court, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 22.12.08***

I comme... Imbu

Avant toutes choses, je profite de cet article pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de Yule, et puisque je ne suis pas fermé d'esprit je vous souhaite aussi un joyeux Noël, Hanoukka, Kwanza, et tout ce que vous pouvez avoir envie de fêter.

Imbu, donc. C'est étrange, je pensais que ce mot serait relativement simple à trouver, et pourtant j'ai reçu pas moins de QUARANTE NEUF propositions sur Facebook, toutes erronées.

Pourtant, ce côté imbu de moi, je l'assume complètement et je ne fais pas particulièrement d'efforts pour le cacher. Oui, j'ai une haute, très haute opinion de moi. Principalement (on va rebondir sur ce que j'ai déjà écrit à C comme Culture) parce que si je suis capable de trouver des gens plus doués que moi dans certains domaines (même sans aller jusqu'à l'évidence : le sport, il y a dans tous les domaines je pense quelqu'un de meilleur que moi), je n'ai pas encore rencontré de personne aussi éclectique que moi dans les domaines qu'elle maîtrise un minimum.

Ce qui est très important pour moi, dans ce côté "je m'aime", est la différence entre l'arrogance et la prétention. Je ne pense pas être prétentieux, et m'imaginer des talents que je n'ai pas, ou gonfler artificiellement cette valeur avec du vide. Tu me permettras en cette période de fêtes, festif lecteur, tolérante lectrice, de m'adresser à toi avec des mots du cru : je ne pense pas "péter plus haut que mon cul".

En revanche, je SUIS arrogant et je le sais. Conscient de ma valeur et allergique à l'hypocrisie, je ne maquille pas mes discours d'une fausse modestie que j'ai toujours trouvé déplacée, on se croirait dans le show-biz. Donc, pour filer la métaphore, je "pète exactement à la hauteur de mon cul"... Je suis cultivé et je le sais, donc je ne vais pas faire semblant d'être scotché devant la starac' chaque week-end. J'ai de l'imagination et je le sais, donc je ne vais pas faire semblant d'être une vache à lait. J'ai du vocabulaire et je le sais, donc je ne vais pas me limiter aux mots de deux syllabes, etc.

Mais je pense que la raison la plus forte qui, si elle n'a pas fait naître cette arrogance, l'a néanmoins nourrie et dorlotée est mon mépris de la masse populaire et de ce nivellement par le bas constant qui semble être le mot d'ordre de la société qui est la notre. Je ne comprends pas cette intolérable passivité et cette volonté de sans cesse se contenter du médiocre plutôt que de viser l'excellence, et cette tendance irréfutable à mettre son cerveau en repos. Le mien fonctionne bien, merci. Et tant que les gens continueront à ne pas user le leur, je continuerai à me dresser sur ce piédestal que je me suis construit et à les regarder de là où je suis :

De haut.

La citation du jour : "Pff, ça va être dur, je vais être surveillée par la branche corse de la famille"
La chanson du jour : One caress, Depeche Mode, "Just one caress from you and I'm blessed"

Même s'il ne sera pas forcément simple de s'éclipser, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 16.12.08***

G comme... Grandiloquent, H comme... Histrion

Double combo pour cet article, les deux lettres se suivent et se ressemblent... Je pense que tous ceux qui me connaissent "en vrai" (curieusement, il y en a peu qui suivent Tears. Mais il y en a. Mais peu.) pourraient témoigner de la justesse du choix de ces mots...

Commençons, une fois n'est pas coutume, par la fin si tu le veux bien, jeune lecteur, jolie lectrice. "Histrion" n'étant pas un nom courant, sorti des bancs de la fac de psycho (ou des curieux qui ont cherché à savoir ce que signifiait "Egocentrique Histrionique", l'un des sous-titres de ce blog). Beaucoup de définitions circulent (c'est le propre des mots rares) allant du très neutre au très péjoratif. Je vous propose une partie de la définition tirée du dictionnaire de l'Académie Française, celui des sens de ce mot que je m'attribue :

"Personnage qui se donne en spectacle en usant d'effets outranciers"

En psychologie, on qualifie d'histrionique quelqu'un qui fait tout pour attirer l'attention sur lui. Et c'est vrai que je l'aime, l'attention de la masse (malgré ma tendance assez fréquente à mépriser cette même masse). Je parle fort, et je le sais. Je choisis toujours des chaussures dont la semelle fait "CLAC" en marchant. Je m'habille fréquemment avec des vêtements XIXeme (d'ailleurs il faut à l'occasion que je te mette ici une photo de mon dernier manteau, tu vas pleurer tellement il est beau, jaloux lecteur, envieuse lectrice). J'ai les cheveux longs. J'ai une carrure imposante.

Bref, je jouis des têtes qui se tournent sur moi dans la rue, et des regards qui se braquent sur moi (probablement pour ça que j'aime tant mon métier-a-temps-partiel de prof, parce que oui, je suis le genre de prof qu'on regarde, pour peu qu'on soit livré avec un minimum de matière organique entre les tempes).

Ce qui m'amène au G, comme grandiloquent, donc. Mot plus long mais plus courant, que vous devez connaître mais soyons fous, fébrile lecteur, guillerette lectrice, je ne veux pas rendre ce mot jaloux de son voisin et dans le doute vous livre aussi sa définition de l'académie :

"Qui s'exprime avec grandiloquence"

Alors certes, si tu fais partie de ceux qui avaient besoin d'une explication, tu n'es guère avancé(e). Alors vu que je suis bon (tu veux goûter ?), voici la définition de Grandiloquence:

"Eloquence ampoulée, emphatique"

Toujours pas ? Oui, c'est sûr que si tu bloques sur grandiloquence, ampoulée et emphatique ça ne va pas t'aider non plus.

Eloquence : Art de bien parler, de persuader, d'émouvoir, d'entraîner par le discours.
Ampoulée : Qui exprime des banalités avec pompe, emphase, grandiloquence (on note d'ailleurs la jolie boucle de sens dans le dictionnaire : grandiloquence ? ==> voir ampoulée. Ampoulée ? ==> voir grandiloquence. Grandiloquence ? etc.)
Emphatique : Qui renforce l'expression d'un sentiment, d'une idée.

Tu as compris maintenant ? La grandiloquence, en d'autres mots, c'est en faire des tonnes, même pour pas grand chose. Parce que oui, comme l'a souligné un lecteur dans un article précédent, je "m'exprime avec des mots de plus de trois syllabes et je t'emm...". Parce que la voix est une arme, d'attaque et de défense, plus vive et plus noble que le plus performant des fusils de snipers. Parce que le verbe, lorsqu'il est maîtrisé et affûté comme une larme, devient si pointu qu'il donne plus de précision même à vos monologues intérieurs, et donc à votre pensée. Parce que je suis convaincu (comme beaucoup, dont Orwell d'ailleurs, pour ceux qui ont lu 1984) que le nivellement par le bas de la langue et du vocabulaire courant utilisé par monsieur tout le monde implique nécessairement un ultérieur nivellement par le bas de leur capacité de penser, de réfléchir, d'être, en somme. Et que l'élitiste que je suis refuse ce nivellement intolérable.

Mes yeux à moi ne sont jamais tournés vers le sol, mais toujours, avec insolence, braqués droit vers le ciel et les étoiles.

Quant à tous ceux qui pourraient trouver ridicule mon haut de forme gris ou mes chemises à jabot, non seulement le ridicule n'est pas délétère, mais je préfère être ridicule à leurs yeux, et être moi, à 100%, ne pas me mentir ou me changer, que d'être un parmi tant d'autres, uniforme et lisse, dénaturé et vide d'essence et de sens, nivelé par le bas... Riez, ces rires caressent aussi mon syndrome d'Histrion. Et chacun de ces rires ne fait que renforcer ma haute opinion de moi même... mais ça, c'est pour la prochaine lettre !

La citation du jour : "Je me tâte"
La chanson du jour : I was here, Renan Luce, "Laisserais-je des traces ? Moi aussi, moi aussi ! C’est pourquoi j’occupe mes loisirs à graver partout 'I was here'"

Même si elle n'a pas voulu pour la Villa ce week-end, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 5.12.08***

La disparition mystérieuse

Nous interrompons le cours normal de votre série "le baron de A à Z" pour une petite réflexion sur l'un des grands mystères de l'humanité.

Non, je ne parle pas de l'existence d'une ou plusieurs divinités, pas non plus de l'Atlantide, d'Ys, ou de mes problèmes avec les blondes, mais d'un sujet plus grave encore, si grave que les media n'en parlent jamais.

Alors que je promenais mon fauve dans la nuit messine à 2h du matin, profitant du silence et du calme environnant, je me suis aperçu que ce calme était TROP calme, ce silence, trop silencieux.

Voyez vous, depuis que j'ai emménagé en plein centre ville, une race de petits animaux au cerveau atrophié est redevenue compagne quotidienne. Ces animaux - qui doivent FORCEMENT avoir une utilité hein. Tous les animaux sont utiles quelque part. Même l'ornithorynque - semblent s'être accoutumés à l'homme au point de les ignorer, sauf quand l'homme leur jette quelque pitance ou les écrase en 4X4 Suzuki.

Je veux bien sûr parler des pigeons.

Alors, certes, Metz n'est pas Venise, et la petite place sur laquelle j'emmène parfois courir ma chienne n'a rien à voir avec la place Saint Marc. Mais des pigeons, il y en a beaucoup. Ce qui, soit dit en passant, amuse beaucoup Dwynwen qui, après quelques jours de crainte Dwynwenienne*, prends beaucoup de plaisir à se mettre en position de chasse (mais pas comme un chien hein, comme un CHAT) et à sautiller de trois pas vers l'avant pour les faire s'envoler.

*(oui, ma chienne ne connaît apparemment que deux réactions face à l'inconnu : la peur tétanisée, surtout quand l'inconnu est de forme étrange et fait du bruit, ou la joie et la félicité, surtout quand l'inconnu à forme humaine, et chaque personne croisée devient l'incarnation sur terre du messie, je me dis que si je me fais cambrioler, la chienne fera des léchouilles à Régis le voleur pendant qu'il me piquera mon écran LCD)

Les pigeons sont également présent parfois en journée sur les rebords de mes fenêtres (au quatrième), et nous avons très rapidement acquis cet accord mutuel tacite que je pourrais résumer en "tu chies pas sur mon rebord et moi je ne te chasse pas quand tu te poses".

Mais dès la nuit tombée, silence. Plus un pigeon sur mon rebord. Plus de volatile sur la petite place lorsque je promène mon loup. Même pas un, qui se serait perdu. Et cette absence de pigeon fait réfléchir, à 2h du matin. Alors on cherche, on cherche les nids, les planques.

Rien.

Quedalle.

Aucun nid, aucun pigeon endormi.

Alors moi je me demande...

ILS SONT OU, CES PUTAINS DE PIGEONS ?

Parce que vu leur nombre en journée, ça doit prendre sacrément de place, faut bien les foutre quelque part ! Je ne pense pas qu'ils migrent vers le sud à la vitesse du son pour revenir au petit matin, alors quid ? Le pigeon devient il invisible la nuit ? Y'a t'il à Metz un hôtel de luxe pour pigeons ? Ou une boite branchouille pour pigeons dans laquelle ils vont tous en bande se mettre une mine, boire et flirter, se piquer à l'héroïne, ce qui expliquerait leur air hagard le matin ? Sont ils tous membres d'une société secrète planifiant le génocide humain et la conquête de la planète ?

Je ne sais pas, mais maintenant, quand je croiserai un pigeon (de jour, donc, forcément), on ne ma la fait pas, à moi, je garderai une distance prudente et ouvrirai un oeil méfiant.

Parfois, on a vraiment des idées à la con, quand on sort un chien, à 2h du mat...

((PS : je suis TRES FIER de ma chanson du jour, avec une double combo en rapport avec l'article, et ça rappellera peut être des souvenirs aux moins jeunes d'entre vous. Ah là là, la "new wave française", c'est beau comme du Indochine uhu))
((PS2 : j'en profite pour vous rappeler que cette chanson, ainsi que toutes les chansons du jour des 15 derniers articles, est écoutable sur la radio de Tears of the Night, en cliquant sur le CD de la barre d'icone du blog ou en cliquant ici))
((PS3 : super console de chez Sony))

La citation du jour : "Je suis désolée d'avoir abîmé tes yeux comme ça en ce vendredi matin. Je vais brancher mon cerveau et je reviens."
La chanson du jour : Cache cache party, Pijon, "Soleil de cristal, Plus jamais dormir, Insomnies perverses et soupirs"

Même si je suis un peu malade, la vie est belle !

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