Les troupeaux de vieux
Ma chienne a beaucoup de chance. Si si, ne riez pas. Outre le fait qu'elle ait un maître exceptionnel, qui de plus l'adore, mon métier d'écrivain implique que je travaille le plus souvent chez moi, et donc que je peux la sortir souvent. Disons que cela compense le fait que nous allons habiter en ville pendant encore un an environ le temps que je m'achète une petite maison.
Et outre les pigeons (diurnes et non nocturnes, si vous avez suivi), il y a un autre type d'animal que nous croisons souvent, en troupeaux d'ailleurs.
Les vieux.
Voyez vous, il y a dans l'entourage proche de mon appartement une petite église avec un grand jardin, qui fait donc souvent partie des itinéraires de promenade que je m'amuse à ré-inventer et à improviser pour ma chienne.
Et dans ce jardin, il y a une petite place en terre battue, genre Roland Garros du pauvre. Et sur cette place, on y trouve généralement ça :
Une armée de vieux, jouant à la pétanque en riant fort.
Ils sont là tous les jours, ou presque, certains hèlent ma bête en l'appelant le loup, d'autres se concentrent sur le cochonnet parce que c'est sérieux ici, on joue.
Il y a dans toutes les villes, je pense, ce genre de repère pour retraités qui n'ont rien de mieux à faire de leur temps que de jouer à la pétanque. Et c'est INVARIABLEMENT la pétanque. Cette affirmation comme quoi cette pratique serait réservée au Sud de la France est clairement erronée.
Ils portent tous le même costume, ou presque. Une casquette de vieux, ou un bob. Des vieux pulls élimés qui n'ont JAMAIS connu la chance d'être à la mode. Parfois même avec les ronds en cuir cousus aux coudes pour amortir. Pantalons en velours, ou vieux survets froissés.
Il y a, je trouve, quelque chose d'assez désespérant dans cette pratique, comme si le square à pétanque devenait un ghetto volontaire dans lequel s'enfermeraient ces personnes du troisième au cinquième âge, fuyant à travers leurs boules argentées l'indiscutable vacuité de leur retraite. Fort heureusement tous les retraités ne se retrouvent pas dans ces squares (imaginez le raz de marée grandissant, avec le vieillissement de la population!), d'autres sont devant Julien Lepers ou un Monopoly. D'autres gardent fort heureusement une activité, mais combien sont ils ? 5% ? 10 ?
C'est dans ces moments là que je me dis que finalement, ma vie dissolue, l'alcool que je bois, la cocaïne dans mon nez, mon manque de sport et mes excès de caféine auront l'avantage de rendre plus que probable ma mort entre 55 et 65 ans. Et que face à ces troupeaux, ce n'est pas plus mal.
Mais promet moi, si je suis encore en vie après l'âge de la retraite, si mon corps résiste à mon train de vie décadent, et si j'ai le mauvais goût de devenir un retraité qui ne lit plus, qui ne pense plus, et qui joue à la pétanque dans un square, oui promet moi, maffieux lecteur, assassine lectrice, de me faire assassiner sur l'heure en souvenir des bons moments de lecture que je t'aurai offert, trente ou quarante ans avant cette déchéance... D'avance, merci.
NOTE : En écrivant cet article, je voulais l'illustrer d'une photo de vieux jouant à la pétanque. J'ai donc naïvement tapé "pétanque" sous Google Image. Et là, pouf, en page 1, je tombe sur ça (NSFW, clique sur l'image pour la voir en entier) :
===><===
Ah, les merveilles du net... *roule les yeux*
La citation du jour : "Ceci étant il y a bien une boule de pétanque"
La chanson du jour : The Internet is for porn, Avenue Q, "Grab your dick and double click for porn, porn, porn"
Même si une heure c'est court, la vie est belle !
Et outre les pigeons (diurnes et non nocturnes, si vous avez suivi), il y a un autre type d'animal que nous croisons souvent, en troupeaux d'ailleurs.
Les vieux.
Voyez vous, il y a dans l'entourage proche de mon appartement une petite église avec un grand jardin, qui fait donc souvent partie des itinéraires de promenade que je m'amuse à ré-inventer et à improviser pour ma chienne.
Et dans ce jardin, il y a une petite place en terre battue, genre Roland Garros du pauvre. Et sur cette place, on y trouve généralement ça :
Une armée de vieux, jouant à la pétanque en riant fort.
Ils sont là tous les jours, ou presque, certains hèlent ma bête en l'appelant le loup, d'autres se concentrent sur le cochonnet parce que c'est sérieux ici, on joue.
Il y a dans toutes les villes, je pense, ce genre de repère pour retraités qui n'ont rien de mieux à faire de leur temps que de jouer à la pétanque. Et c'est INVARIABLEMENT la pétanque. Cette affirmation comme quoi cette pratique serait réservée au Sud de la France est clairement erronée.
Ils portent tous le même costume, ou presque. Une casquette de vieux, ou un bob. Des vieux pulls élimés qui n'ont JAMAIS connu la chance d'être à la mode. Parfois même avec les ronds en cuir cousus aux coudes pour amortir. Pantalons en velours, ou vieux survets froissés.
Il y a, je trouve, quelque chose d'assez désespérant dans cette pratique, comme si le square à pétanque devenait un ghetto volontaire dans lequel s'enfermeraient ces personnes du troisième au cinquième âge, fuyant à travers leurs boules argentées l'indiscutable vacuité de leur retraite. Fort heureusement tous les retraités ne se retrouvent pas dans ces squares (imaginez le raz de marée grandissant, avec le vieillissement de la population!), d'autres sont devant Julien Lepers ou un Monopoly. D'autres gardent fort heureusement une activité, mais combien sont ils ? 5% ? 10 ?
C'est dans ces moments là que je me dis que finalement, ma vie dissolue, l'alcool que je bois, la cocaïne dans mon nez, mon manque de sport et mes excès de caféine auront l'avantage de rendre plus que probable ma mort entre 55 et 65 ans. Et que face à ces troupeaux, ce n'est pas plus mal.
Mais promet moi, si je suis encore en vie après l'âge de la retraite, si mon corps résiste à mon train de vie décadent, et si j'ai le mauvais goût de devenir un retraité qui ne lit plus, qui ne pense plus, et qui joue à la pétanque dans un square, oui promet moi, maffieux lecteur, assassine lectrice, de me faire assassiner sur l'heure en souvenir des bons moments de lecture que je t'aurai offert, trente ou quarante ans avant cette déchéance... D'avance, merci.
NOTE : En écrivant cet article, je voulais l'illustrer d'une photo de vieux jouant à la pétanque. J'ai donc naïvement tapé "pétanque" sous Google Image. Et là, pouf, en page 1, je tombe sur ça (NSFW, clique sur l'image pour la voir en entier) :
Ah, les merveilles du net... *roule les yeux*
La citation du jour : "Ceci étant il y a bien une boule de pétanque"
La chanson du jour : The Internet is for porn, Avenue Q, "Grab your dick and double click for porn, porn, porn"
Même si une heure c'est court, la vie est belle !