Progrès vs. Immobilisme
Avant d'aller plus loin, je vous rassure, malgré les dernier articles, Tears of the Night n'a pas pour vocation de devenir un blog 100% politique, c'est juste que c'est dans l'air du temps, et que a travers des discussions avec beaucoup de mes élèves je me rends compte que beaucoup de gens sont un peu perdus et ne voient pas les impacts et les raisons de tels ou tels choix, donc j'y apporte mon grain de sel. Mais promis, le prochain article ne parlera pas politique :)...
Bon, ça y est, c'est fait, le nouveau gouvernement est annoncé. Et a un bug près, je trouve que c'est non seulement une bonne, très très bonne équipe, mais en plus on sent le travail énorme qui a été fourni sur sa composition, il y a des choix stratégiques énormes et très bien pensés. Un gros bon point pour le petit Nicolas et François Fillon sur le premier évenement médiatique post-élection.
Pour moi, le grand bonheur est clairement le retour en force d'Alain Juppé. Placé ministre d'Etat et affiché comme le numéro deux du Gouvernement, sa nomination à ce poste, et son titre d' "Ecologie, Développement et Aménagement durable" est en effet un message fort. Déjà, pour beaucoup, Alain Juppé représente la pensée chiraquienne, et sa place en tant que numéro deux est une manière de reconstruire les quelques ponts entre les "chiraquiens" et les "sarkozystes" qui auraient pu être brisés dans les premiers balbutiements de la campagne (MAM qui conserve un ministère important en est un autre). Mais de plus, le fait que le premier "titre" du nouveau numéro deux du gouvernement soit l'Ecologie est une manière de montrer l'importance de ce dossier, et que le pacte écologique de Nicolas Hulot n'a pas été signé à la légère par le nouveau président. Premier message fort, donc, double. Et Juppé's back. YATTA !
Autre message fort, Rachida Dati à la justice. Un gros ministère pour cette femme dynamique qui a beaucoup servi de porte-parole à Sarkozy. Un bel exemple d' "intégration à la française" comme le prône Nicolas Sarkozy : née en France d'un père marocain et d'une mère algérienne, une enfance en cité, elle est maintenant l'une des personalités politiques les plus en vogue en France. Elle incarne à la fois l'intégration possible, efficace et mutuellement bénéfique, et le fait qu'on peut finir en haut de l'échelle sociale en débutant au fond de tout dans une cité. Un beau message de tolérance, d'ouverture, et de la réussite par le mérite et par l'efficacité. Pendant la campagne, Rachida Dati a également souvent servi de tampon entre Sarkozy et les jeunes des cités avec qui le dialogue semblait pourtant définitivement impossible. Comme quoi...
Borloo à Bercy n'est pas une grande surprise. S'il n'héritait pas de Matignon, c'est forcément là qu'il allait se retrouver. Mais la pirouette politique très, très bien pensée a été de couper Bercy en deux. En effet, Borloo est un personnage médiatique fort, qui possède ce qui a fait défaut à Juppé entre 1995 et 1997 : un excellent travail de communication. La problème c'est que le ministre de l'Economie, traditionnellement, avait le rôle du "méchant" : celui qui dit tout le temps qu'il n'y a pas de sous et qui ne débloque pas de fonds. Le coup de maitre a justement été de retirer cet aspect du ministère pour créer un ministre du budget, attribué à Eric Woerth, transparent aux yeux des media, et fusible idéal en cas de pépins ou de restrictions budgétaires sans entamer l'image positive de Borloo.
Le retour de Roseline Bachelot en a fait sourire beaucoup, rire d'autres, je fais quand à moi partie de ceux qui l'aiment bien. Bachelot s'est fait demolir médiatiquement quand elle a été rangée il y a quelques années au ministère de l'écologie, pour lequel elle n'était clairement pas qualifiée, et elle a enchainé les gaffes et a ridiculisé son image. Pourtant, et peu s'en souviennent, Bachelot à été l'une des seules personnalités de droite, sous Jospin, à soutenir avec force l'une des rares bonnes mesures qui sont resté de ce gouvernement : le PACS. Là où par principe, la droite s'opposait à cette mesure émise par la gauche, Bachelot avait été la seule à dire en gros, attendez les copains, on arrête les conneries, on va pas voter contre ça, c'est une *bonne* mesure, on travaillait à un truc semblable du temps de Juppé, on va pas voter contre juste par principe. C'est suffisemment rare dans la vie politique pour être souligné.
Encore un coup de maitre de la nouvelle équipe Sarkozy : Hervé Morin de l'UDF. En le nommant à la Défense, Sarkozy fait d'une pierre deux coups : un signe fort aux électeurs centristes qui ont voté pour lui et qui avaient voté Bayrou au premier tour, et un petit soufflet à Bayrou : Morin était son numéro deux, son bras droit, et il a refusé de suivre Bayrou dans son nouveau parti quand ce dernier a voulu faire cavalier seul entre deux tours. On peut dire que dans un sens, Morin a misé sur le bon cheval, mais sa nomination implique surtout que le gouvernement ne se fera pas sans le centre, mais que le centre peut très bien se faire sans Bayrou.
Et on termine avec le coup de tonerre : Bernard Kouchner du PS, une personnalité très appréciée des français, qui hérite du gros ministère des affaires étrangères. Du PS, ou plutôt ex-PS. J'y viens. Là encore, choix tactique brillant. Nommer un ministre de l'opposition dans un gouvernement hors d'une cohabitation c'est là encore un signe d'ouverture (on se souvient alors du "je veux être le président de tous les français" et du "tous ceux qui veulent travailler pour la France sont les bienvenus" du discours post-élection). Et c'est surtout encore un pavé dans la mare du PS... Quelle que soit leur réaction, ils ne pouvaient pas "gagner" suite à cela. La réaction a été vive : Kouchner radié du PS par François Hollande. C'est presque la pire des décisions qu'ils pouvaient prendre (et d'ailleurs on peut regretter pour eux qu'ils l'aient prise si vite!). Le message qui en ressort est que le premier gouvernement Sarkozy est un gouvernement de droite, certes, mais d'ouverture, et qui se veut à l'écoute de tous les courants politiques fraçais majeurs. En radiant Kouchner, le message du PS est un message d'immobilisme, comme quoi il serait impossible de travailler pour la France "dans le camp de l'ennemi" et que toute collaboration serait une "trahison"... Comme quoi le clivage politique serait plus important que le travail humain fourni derrière. Bref, un message d'immobilisme, et une manière de rallier derrière Sarkozy les quelques voix Bayrou qui s'étaient rangé derrière Royal (rappelons que le projet présidentiel de Bayrou était de faire travailler ensemble des gens de droite et de gauche... Le PS vient grosso modo de dire "pour nous c'est impensable", ce qui devrait faire virer de bord certains centristes-tendance-gauche)
Il y a tout de même à mes yeux un gros bug dans ce gouvernement : Boutin. Peut être parce que c'est probablement la personnalité de "droite" que je peux le moins voir en peinture, parce qu'elle représente des valeurs qui sont aberrantes (une catho militante n'a rien à foutre au gouvernement d'un pays laïque, une homophobe encore moins). Et parce qu'elle rapelle trop le plus gros des quelques rares "couacs" du discours d'investiture de Sarkozy : quand il a parlé de "morale".
Mais bon, une petite tache d'ombre sur un tableau ma foi fort positif. Espérons que ce gouvernement sera tout aussi efficace dans les faits qu'il semble l'être sur le papier. Avec un discours d'investiture réussi, et un gouvernement en béton (sauf Boutin), le quinquennat Sarkozy démarre sur les chapeaux de roue, beaucoup mieux que ce que l'on aurait pu imaginer. Reste à voir comment tout cela se concrétisera dans les faits, et quelles mesures seront prises, et surtout si le gouvernement aura le courage de faire des réformes dures mais nécessaires, même si les gens descendent dans la rue comme pour le CPE. La France a besoin de reveler la tête avec un gouvernement efficace, fort mais aussi ferme, comme Thatcher avait relevé le Royaume Uni de la ruine dans les années 80. Wait & see, donc...
JUPPE'S BACK !!!!!!
La citation du jour : "Maintenant que je suis ministre des sports, va p't'être falloir que je me mette au jogging!"
La chanson du jour : Pull Shapes, The Pipettes, "I just want to move, I don't care what this song's about!"
Même si Boutin fait partie du gouvernement, la vie est belle !
Bon, ça y est, c'est fait, le nouveau gouvernement est annoncé. Et a un bug près, je trouve que c'est non seulement une bonne, très très bonne équipe, mais en plus on sent le travail énorme qui a été fourni sur sa composition, il y a des choix stratégiques énormes et très bien pensés. Un gros bon point pour le petit Nicolas et François Fillon sur le premier évenement médiatique post-élection.
Pour moi, le grand bonheur est clairement le retour en force d'Alain Juppé. Placé ministre d'Etat et affiché comme le numéro deux du Gouvernement, sa nomination à ce poste, et son titre d' "Ecologie, Développement et Aménagement durable" est en effet un message fort. Déjà, pour beaucoup, Alain Juppé représente la pensée chiraquienne, et sa place en tant que numéro deux est une manière de reconstruire les quelques ponts entre les "chiraquiens" et les "sarkozystes" qui auraient pu être brisés dans les premiers balbutiements de la campagne (MAM qui conserve un ministère important en est un autre). Mais de plus, le fait que le premier "titre" du nouveau numéro deux du gouvernement soit l'Ecologie est une manière de montrer l'importance de ce dossier, et que le pacte écologique de Nicolas Hulot n'a pas été signé à la légère par le nouveau président. Premier message fort, donc, double. Et Juppé's back. YATTA !
Autre message fort, Rachida Dati à la justice. Un gros ministère pour cette femme dynamique qui a beaucoup servi de porte-parole à Sarkozy. Un bel exemple d' "intégration à la française" comme le prône Nicolas Sarkozy : née en France d'un père marocain et d'une mère algérienne, une enfance en cité, elle est maintenant l'une des personalités politiques les plus en vogue en France. Elle incarne à la fois l'intégration possible, efficace et mutuellement bénéfique, et le fait qu'on peut finir en haut de l'échelle sociale en débutant au fond de tout dans une cité. Un beau message de tolérance, d'ouverture, et de la réussite par le mérite et par l'efficacité. Pendant la campagne, Rachida Dati a également souvent servi de tampon entre Sarkozy et les jeunes des cités avec qui le dialogue semblait pourtant définitivement impossible. Comme quoi...
Borloo à Bercy n'est pas une grande surprise. S'il n'héritait pas de Matignon, c'est forcément là qu'il allait se retrouver. Mais la pirouette politique très, très bien pensée a été de couper Bercy en deux. En effet, Borloo est un personnage médiatique fort, qui possède ce qui a fait défaut à Juppé entre 1995 et 1997 : un excellent travail de communication. La problème c'est que le ministre de l'Economie, traditionnellement, avait le rôle du "méchant" : celui qui dit tout le temps qu'il n'y a pas de sous et qui ne débloque pas de fonds. Le coup de maitre a justement été de retirer cet aspect du ministère pour créer un ministre du budget, attribué à Eric Woerth, transparent aux yeux des media, et fusible idéal en cas de pépins ou de restrictions budgétaires sans entamer l'image positive de Borloo.
Le retour de Roseline Bachelot en a fait sourire beaucoup, rire d'autres, je fais quand à moi partie de ceux qui l'aiment bien. Bachelot s'est fait demolir médiatiquement quand elle a été rangée il y a quelques années au ministère de l'écologie, pour lequel elle n'était clairement pas qualifiée, et elle a enchainé les gaffes et a ridiculisé son image. Pourtant, et peu s'en souviennent, Bachelot à été l'une des seules personnalités de droite, sous Jospin, à soutenir avec force l'une des rares bonnes mesures qui sont resté de ce gouvernement : le PACS. Là où par principe, la droite s'opposait à cette mesure émise par la gauche, Bachelot avait été la seule à dire en gros, attendez les copains, on arrête les conneries, on va pas voter contre ça, c'est une *bonne* mesure, on travaillait à un truc semblable du temps de Juppé, on va pas voter contre juste par principe. C'est suffisemment rare dans la vie politique pour être souligné.
Encore un coup de maitre de la nouvelle équipe Sarkozy : Hervé Morin de l'UDF. En le nommant à la Défense, Sarkozy fait d'une pierre deux coups : un signe fort aux électeurs centristes qui ont voté pour lui et qui avaient voté Bayrou au premier tour, et un petit soufflet à Bayrou : Morin était son numéro deux, son bras droit, et il a refusé de suivre Bayrou dans son nouveau parti quand ce dernier a voulu faire cavalier seul entre deux tours. On peut dire que dans un sens, Morin a misé sur le bon cheval, mais sa nomination implique surtout que le gouvernement ne se fera pas sans le centre, mais que le centre peut très bien se faire sans Bayrou.
Et on termine avec le coup de tonerre : Bernard Kouchner du PS, une personnalité très appréciée des français, qui hérite du gros ministère des affaires étrangères. Du PS, ou plutôt ex-PS. J'y viens. Là encore, choix tactique brillant. Nommer un ministre de l'opposition dans un gouvernement hors d'une cohabitation c'est là encore un signe d'ouverture (on se souvient alors du "je veux être le président de tous les français" et du "tous ceux qui veulent travailler pour la France sont les bienvenus" du discours post-élection). Et c'est surtout encore un pavé dans la mare du PS... Quelle que soit leur réaction, ils ne pouvaient pas "gagner" suite à cela. La réaction a été vive : Kouchner radié du PS par François Hollande. C'est presque la pire des décisions qu'ils pouvaient prendre (et d'ailleurs on peut regretter pour eux qu'ils l'aient prise si vite!). Le message qui en ressort est que le premier gouvernement Sarkozy est un gouvernement de droite, certes, mais d'ouverture, et qui se veut à l'écoute de tous les courants politiques fraçais majeurs. En radiant Kouchner, le message du PS est un message d'immobilisme, comme quoi il serait impossible de travailler pour la France "dans le camp de l'ennemi" et que toute collaboration serait une "trahison"... Comme quoi le clivage politique serait plus important que le travail humain fourni derrière. Bref, un message d'immobilisme, et une manière de rallier derrière Sarkozy les quelques voix Bayrou qui s'étaient rangé derrière Royal (rappelons que le projet présidentiel de Bayrou était de faire travailler ensemble des gens de droite et de gauche... Le PS vient grosso modo de dire "pour nous c'est impensable", ce qui devrait faire virer de bord certains centristes-tendance-gauche)
Il y a tout de même à mes yeux un gros bug dans ce gouvernement : Boutin. Peut être parce que c'est probablement la personnalité de "droite" que je peux le moins voir en peinture, parce qu'elle représente des valeurs qui sont aberrantes (une catho militante n'a rien à foutre au gouvernement d'un pays laïque, une homophobe encore moins). Et parce qu'elle rapelle trop le plus gros des quelques rares "couacs" du discours d'investiture de Sarkozy : quand il a parlé de "morale".
Mais bon, une petite tache d'ombre sur un tableau ma foi fort positif. Espérons que ce gouvernement sera tout aussi efficace dans les faits qu'il semble l'être sur le papier. Avec un discours d'investiture réussi, et un gouvernement en béton (sauf Boutin), le quinquennat Sarkozy démarre sur les chapeaux de roue, beaucoup mieux que ce que l'on aurait pu imaginer. Reste à voir comment tout cela se concrétisera dans les faits, et quelles mesures seront prises, et surtout si le gouvernement aura le courage de faire des réformes dures mais nécessaires, même si les gens descendent dans la rue comme pour le CPE. La France a besoin de reveler la tête avec un gouvernement efficace, fort mais aussi ferme, comme Thatcher avait relevé le Royaume Uni de la ruine dans les années 80. Wait & see, donc...
JUPPE'S BACK !!!!!!
La citation du jour : "Maintenant que je suis ministre des sports, va p't'être falloir que je me mette au jogging!"
La chanson du jour : Pull Shapes, The Pipettes, "I just want to move, I don't care what this song's about!"
Même si Boutin fait partie du gouvernement, la vie est belle !
Libellés : Alain Juppé, Gouvernement, Nicolas Sarkozy, Politique