Que devient le petit prince sans la Petite Princesse ?
Ce soir, la neige est une pluie timide, qui ne veut pas déranger et s’écrase à ma fenêtre en fondant sans faire de bruit.
J’ai toujours été un paradoxe, et rempli de contradictions. Aujourd’hui encore, c’est le cas, je n’ai jamais été aussi bien et aussi mal à la fois. J’ai de l’argent, assez pour vivre et même très bien vivre. Dans trois mois je serai propriétaire d’une maison correspondant exactement à mes recherches. Je fais un travail qui me plait, et qui me motive. Je bosse beaucoup, trop, surement, mais je n’en oublie pas de prendre du temps, chaque semaine, pour voir ma famille de sang, et voir également ma famille d’adoption, ces amis que je me suis choisi et qui m’ont choisi, aussi.
Et pourtant je suis mal, aussi. Malédiction de ceux qui réfléchissent trop, je n’ai jamais été étranger au mal être. J’ai fait plusieurs dépressions nerveuses dans ma vie, le plus souvent lorsque j’allais "le mieux". Curieusement, en ce moment, il se fait relativement discret, dans ma vie, ou alors, pernicieusement, il se change en mal physique, pour rendre encore plus réel cette absence qui me ronge…
Au bout de cinq mois, l’absence de la Petite Princesse dans ma vie est un mal plus sévère qu’un cancer. J’ai l’impression d’être vide et à la fois plein d’elle. Notre espèce de relation-sans-en-être-une, ces cinq dernières années, a toujours eu des échos d’océan, avec des flux et reflux comme une marée de tendresse et de distance, mais elle était présente même dans ses absences, avec la même certitude qu’ont les marins du retour de leur amante liquide au petit matin… Là, tout est pareil, et tout est différent à la fois.
Il y a eu son départ pour deux mois aux Antipodes, et son retour que j’ai attendu comme un camé, mon désir d’elle plus intense et plus réel qu’une quelconque dépendance à une substance psychotrope, dépendance que je n’ai jamais « chopé », même lorsque je gavais régulièrement mes narines de cette poudre blanche qui me permettait d’écrire plus et de dormir moins.
Il y a eu ce weekend à son retour, et son corps dans mes bras, mais c’est comme si en revenant de tous ces océans qui nous avaient séparé deux mois, elle avait gardé autour d’elle et de son cœur une part de mer dans laquelle j’étais condamné à me noyer… Je me souviens de lui tirer les cartes, à contrecœur, de lui dire ces choses que j’y ai lues, et d’y lire ces choses que je ne lui ai pas dites. Je me souviens me réveiller à l’aube pour la regarder dormir, comme avant, mais de sentir cet océan entre nous, qu’elle avait ramené de là bas… et ne plus oser la toucher, et ne plus pouvoir avoir la force de la réveiller d’un baiser au creux entre sa joue et son oreille.
Puis elle est partie, de mon appartement et de ma vie. Et si une part de moi l’avait déjà deviné, le reste est resté aveugle et a mis du temps à se rendre à l’évidence, face à son téléphone qu’elle ne décrochait plus, face aux messages qui restaient sans réponse. Oh, il y a bien eu ce coup de fil, en pleine nuit, quand elle allait mal, après une rupture après un autre de ses mâles… Comme je l’écrivais dans ma chanson, la plus belle preuve d’amour qu’elle m’ait jamais faite est d’être toujours celui qu’elle appelait en pleine nuit quand ses larmes devenaient des mots. Mais j’avais déjà compris, alors, que ce n’était qu’un chant du cygne, un chant des signes… Et même si elle m’assurait du contraire par téléphone, je savais que c’était probablement l’une des dernière fois que j’entendrais sa voix…
C’était il y a trois mois, deux mois après le début de son silence, dernier iceberg sur laquelle mes mots et mes maux s’échouent et se déversent. 2010 a été la première année depuis notre rencontre qu’elle ne m’a pas souhaité bonne, et même si je pense qu’elle le sera quand même, son absence est une fausse note qui résonne comme une cacophonie en moi. Je parlais plus haut de poudre blanche, et de mon absence de dépendance. Il y a deux ans, j’ai arrêté la cocaïne du jour au lendemain, sans malaise physique ni psychologique. Aujourd’hui, arrêter Mathilde me déchire.
Et c’est peut être cela qui me déchire aussi physiquement. Depuis un peu plus d’une semaine, je dors très mal. J’ai beau ne plus boire de café après 17h, laisser les canettes de Red Bull s’empiler dans mon frigo sans être bues, le sommeil ne vient plus, plus comme avant, je nage dans mon lit les yeux fermés de force pendant des heures avant de tomber d’épuisement peu de temps avant l’aube. Et de me réveiller asynchrone et pas reposé quelques heures plus tard.
Je fais une sorte d’apnée du sommeil, mêlée à des crises d’anxiété. Je sens mon cœur qui bat de plus en plus doucement, jusqu’à s’arrêter, ou presque, jusqu’à ce que la panique et une grande bouffée d’oxygène le fassent repartir. Et bientôt recommencer à ralentir. Je revis ma mort comme un disque vinyle rayé, plusieurs fois par nuit. Comme si sans elle dans mon cœur psychique, mon cœur physique voulait hurler aussi fort que l’autre, et refuser de battre s’il ne peut plus battre proche d’elle.
Lorsque j’aime comme je l’aime, cet amour se suffit à lui même, j’ai juste besoin de pouvoir le donner, le déverser… Mais par son absence, elle empêche tout versement, et ce trop plein m’étouffe. Jusqu’à m’empoisonner physiquement. J’ai mal de son absence, et écrire ces lignes me font du bien car je peux y coucher un peu de cet amour qui déborde et me noie. Et curieusement, cet amour en moi m’exalte, aussi. C’est lui qui m’aide à avancer, et à me lever le matin, à avoir envie. Lui aussi sans doute qui crée ces bouffées d’angoisses face à la mort que je me sens vivre chaque nuit, et à la repousser plutôt que de l’accueillir, malgré son joli sourire…
Avec les années de recul que j’ai appris à avoir, même si mon objectivité est forcément viciée, ma petite princesse est la plus jolie chose qui soit arrivée dans ma vie. C’est également la plus jolie chose qui en soit ressortie, tout doucement, sans faire de bruit, avec la même tendresse que celle qui nous avait lié. Elle a disparu, sans laisser de traces, mais en me laissant cet amour si lourd qui ne correspond à aucune autre, et dont je ne sais pas et plus quoi faire. Alors je la couche sur le papier au lieu de la coucher sur mes draps, alors je ferme les yeux et je la retrouve.
Et la douleur s’estompe.
Un peu…
La citation du jour : "Non mais tu m'aimes mais t'es pas amoureux"
La chanson du jour : Dans la merco Benz, Benjamin Biolay, "Petite princesse ma beauté ma promesse"
Même si son absence a ralenti les battements de mon cœur, la vie est belle !
J’ai toujours été un paradoxe, et rempli de contradictions. Aujourd’hui encore, c’est le cas, je n’ai jamais été aussi bien et aussi mal à la fois. J’ai de l’argent, assez pour vivre et même très bien vivre. Dans trois mois je serai propriétaire d’une maison correspondant exactement à mes recherches. Je fais un travail qui me plait, et qui me motive. Je bosse beaucoup, trop, surement, mais je n’en oublie pas de prendre du temps, chaque semaine, pour voir ma famille de sang, et voir également ma famille d’adoption, ces amis que je me suis choisi et qui m’ont choisi, aussi.
Et pourtant je suis mal, aussi. Malédiction de ceux qui réfléchissent trop, je n’ai jamais été étranger au mal être. J’ai fait plusieurs dépressions nerveuses dans ma vie, le plus souvent lorsque j’allais "le mieux". Curieusement, en ce moment, il se fait relativement discret, dans ma vie, ou alors, pernicieusement, il se change en mal physique, pour rendre encore plus réel cette absence qui me ronge…
Au bout de cinq mois, l’absence de la Petite Princesse dans ma vie est un mal plus sévère qu’un cancer. J’ai l’impression d’être vide et à la fois plein d’elle. Notre espèce de relation-sans-en-être-une, ces cinq dernières années, a toujours eu des échos d’océan, avec des flux et reflux comme une marée de tendresse et de distance, mais elle était présente même dans ses absences, avec la même certitude qu’ont les marins du retour de leur amante liquide au petit matin… Là, tout est pareil, et tout est différent à la fois.
Il y a eu son départ pour deux mois aux Antipodes, et son retour que j’ai attendu comme un camé, mon désir d’elle plus intense et plus réel qu’une quelconque dépendance à une substance psychotrope, dépendance que je n’ai jamais « chopé », même lorsque je gavais régulièrement mes narines de cette poudre blanche qui me permettait d’écrire plus et de dormir moins.
Il y a eu ce weekend à son retour, et son corps dans mes bras, mais c’est comme si en revenant de tous ces océans qui nous avaient séparé deux mois, elle avait gardé autour d’elle et de son cœur une part de mer dans laquelle j’étais condamné à me noyer… Je me souviens de lui tirer les cartes, à contrecœur, de lui dire ces choses que j’y ai lues, et d’y lire ces choses que je ne lui ai pas dites. Je me souviens me réveiller à l’aube pour la regarder dormir, comme avant, mais de sentir cet océan entre nous, qu’elle avait ramené de là bas… et ne plus oser la toucher, et ne plus pouvoir avoir la force de la réveiller d’un baiser au creux entre sa joue et son oreille.
Puis elle est partie, de mon appartement et de ma vie. Et si une part de moi l’avait déjà deviné, le reste est resté aveugle et a mis du temps à se rendre à l’évidence, face à son téléphone qu’elle ne décrochait plus, face aux messages qui restaient sans réponse. Oh, il y a bien eu ce coup de fil, en pleine nuit, quand elle allait mal, après une rupture après un autre de ses mâles… Comme je l’écrivais dans ma chanson, la plus belle preuve d’amour qu’elle m’ait jamais faite est d’être toujours celui qu’elle appelait en pleine nuit quand ses larmes devenaient des mots. Mais j’avais déjà compris, alors, que ce n’était qu’un chant du cygne, un chant des signes… Et même si elle m’assurait du contraire par téléphone, je savais que c’était probablement l’une des dernière fois que j’entendrais sa voix…
C’était il y a trois mois, deux mois après le début de son silence, dernier iceberg sur laquelle mes mots et mes maux s’échouent et se déversent. 2010 a été la première année depuis notre rencontre qu’elle ne m’a pas souhaité bonne, et même si je pense qu’elle le sera quand même, son absence est une fausse note qui résonne comme une cacophonie en moi. Je parlais plus haut de poudre blanche, et de mon absence de dépendance. Il y a deux ans, j’ai arrêté la cocaïne du jour au lendemain, sans malaise physique ni psychologique. Aujourd’hui, arrêter Mathilde me déchire.
Et c’est peut être cela qui me déchire aussi physiquement. Depuis un peu plus d’une semaine, je dors très mal. J’ai beau ne plus boire de café après 17h, laisser les canettes de Red Bull s’empiler dans mon frigo sans être bues, le sommeil ne vient plus, plus comme avant, je nage dans mon lit les yeux fermés de force pendant des heures avant de tomber d’épuisement peu de temps avant l’aube. Et de me réveiller asynchrone et pas reposé quelques heures plus tard.
Je fais une sorte d’apnée du sommeil, mêlée à des crises d’anxiété. Je sens mon cœur qui bat de plus en plus doucement, jusqu’à s’arrêter, ou presque, jusqu’à ce que la panique et une grande bouffée d’oxygène le fassent repartir. Et bientôt recommencer à ralentir. Je revis ma mort comme un disque vinyle rayé, plusieurs fois par nuit. Comme si sans elle dans mon cœur psychique, mon cœur physique voulait hurler aussi fort que l’autre, et refuser de battre s’il ne peut plus battre proche d’elle.
Lorsque j’aime comme je l’aime, cet amour se suffit à lui même, j’ai juste besoin de pouvoir le donner, le déverser… Mais par son absence, elle empêche tout versement, et ce trop plein m’étouffe. Jusqu’à m’empoisonner physiquement. J’ai mal de son absence, et écrire ces lignes me font du bien car je peux y coucher un peu de cet amour qui déborde et me noie. Et curieusement, cet amour en moi m’exalte, aussi. C’est lui qui m’aide à avancer, et à me lever le matin, à avoir envie. Lui aussi sans doute qui crée ces bouffées d’angoisses face à la mort que je me sens vivre chaque nuit, et à la repousser plutôt que de l’accueillir, malgré son joli sourire…
Avec les années de recul que j’ai appris à avoir, même si mon objectivité est forcément viciée, ma petite princesse est la plus jolie chose qui soit arrivée dans ma vie. C’est également la plus jolie chose qui en soit ressortie, tout doucement, sans faire de bruit, avec la même tendresse que celle qui nous avait lié. Elle a disparu, sans laisser de traces, mais en me laissant cet amour si lourd qui ne correspond à aucune autre, et dont je ne sais pas et plus quoi faire. Alors je la couche sur le papier au lieu de la coucher sur mes draps, alors je ferme les yeux et je la retrouve.
Et la douleur s’estompe.
Un peu…
La citation du jour : "Non mais tu m'aimes mais t'es pas amoureux"
La chanson du jour : Dans la merco Benz, Benjamin Biolay, "Petite princesse ma beauté ma promesse"
Même si son absence a ralenti les battements de mon cœur, la vie est belle !
Libellés : Absence, Amour, Manque, Mathilde, Paradoxe, Petite Princesse, Peur, Tendresse