Fidèle lecteur, assidue lectrice, si tu fais partie des vieux briscards de ce blog, tu as probablement attendu cette publication avec impatience. En effet, d’année en année, je m’amuse toujours à te préparer une petite publication sympa pour le premier avril, souvent sur un format convenu. Je commence un article de manière plausible, mais rapportant un fait ou une croyance étrange pour toute personne qui me connait un minimum. Genre, « je suis devenu chrétien » ou « je vote Mélenchon ». Le but est de mettre la puce à l’oreille aux lecteurs les plus fidèles (bon, ok, « je suis devenu chrétien », admettons, après une soirée bien arrosée et un stage de lavage de cerveau, c’est improbable mais plausible… mais « Je vote Mélenchon » je suis d’accord celui là il était trop gros, personne n’aurait pu tomber dedans). Puis de fil en aiguille, je commence à « monter en charge », et avec une bonne dose d’ironie (dans le sens littéral, pas dans le sens d’Alanis Morrissette) je commence à faire un contre-article dans l’article, vantant de manière dithyrambique les choses que je reproche le plus à mon sujet, avant de finir par des énormités tellement grosses que même les lecteurs occasionnels ne peuvent que se rendre compte de la supercherie avant la fin de l’article.

De lire ces phrases et ces explications, tu l’auras compris, malin lecteur, futée lectrice, il n’y aura pas de poisson d’avril cette année, ni les années à venir, le poisson sur Tears c’est fini. En effet, si le premier avril a depuis des années été mon jour favori de l’année, je commence à me lasser de ce côté « formule », un peu convenu, toujours pareil. Je crois qu’au fil des années, il est important de savoir regarder la vérité en face: le premier avril a fini par me lasser et m’ennuyer. Je sais que beaucoup d’entre toi m’attendent au tournant à cette date, et plutôt que de simplement ne rien poster, j’ai préféré au moins avoir l’honnêteté de t’en parler et de t’expliquer le pourquoi du comment de ma non-blague du jour. C’est important de dire la vérité à son public.

C’est sans doute un peu ça, aussi, sans doute, qui m’a poussé à tourner la page. Tu sais combien, au quotidien, j’abhorre  l’hypocrisie et je me refuse à mentir, quel que soit le contexte. Le premier avril était le seul jour de l’année où je me permettais des non-vérités, au nom de l’humour et du décalage. Mais je me rend compte que c’est un peu comme un ancien alcoolique… pourrait-il vraiment prétendre être maintenant sobre en permanence, et compter ses années « sans alcool », s’il s’abstient 365 jours par an mais s’autorise une bouteille de Bourbon le jour de son anniversaire ? Je ne crois pas. Non, vraiment, dire la vérité, c’est important, même le premier avril, et maintenant j’ai les yeux ouverts là dessus.

Mais ça ne s’est pas fait tout seul. Et je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé à voir la vérité et son importance, à une époque où nous vivons sans cesse dans la contre-information et les mensonges de masse, savamment orchestrés pas les media.

Je tiens d’abord à remercier François. François, je ne sais pas comment tu fais pour tenir face à tant de mensonges et de calomnies déversées jour après jours par les media, et ton courage est un exemple permanent pour moi. Je trouve ça très beau, d’essayer de garder le débat présidentiel centré sur l’aspect fictif du travail de ton épouse, parce que dans le cas où il serait prouvé qu’il ne l’était pas, l’outrage public de rémunérer l’un de tes proches trois ou quatre fois plus que tes autres collaborateurs juste pour qu’elle ouvre ton courrier pendant que les autres font le sale boulot en étant payés au lance-pierre te serait sans doute fatal. Je te souhaite qu’on puisse amener des preuves de son côté fictif, qui ferait juste de toi un filou. En France, on pardonne plus facilement à un filou grippe sou qu’à un enfoiré népotiste.

Donald, et toute ton équipe de Mickeys. Merci de faire sans cesse éclater la vérité, sur tous ces attentats de mexicains salafistes SDFs à travers le monde qui sont tus par les media, niés par les proches des victimes présumées… et quoi ? Bientôt tu vas voir que les victimes présumées du prochain attentat qui sera enfin révélé par ton équipe vont elles même venir prétendre être en vie à la télévision alors qu’il est évident qu’elles sont mortes, puisque tu le dis. Comme François, tu es victime d’un énorme complot médiatique visant à te déstabiliser, et comme tu ne sais pas lire tu ne peux même pas t’en rendre compte, et ça c’est dégueulasse. Merci aussi d’ouvrir les yeux du monde sur le canular qu’est le réchauffement climatique. Si c’était vrai, les ours polaires auraient sans doute envoyé un ambassadeur à la Maison. Et jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas d’ours blanc à la maison blanche. Ce qui prouve bien que le réchauffement climatique n’existe pas.

Il y aurait tant d’autres personnes à remercier, mais cet article est déjà bien assez long. Alors pour François, pour Donald, en mémoire du patriarcat qui n’existe plus – comme le rappelle France 2 -, pour tous les faiseurs de vérité qui sont mis à mal dans un monde où les media osent parler de faits et montrer des images d’archives, pour tous ces gens et pour leurs fidèles, de plus en plus nombreux, qui prouvent que la mode est aux contre-vérités et aux faits alternatifs, non, clairement, je ne pouvais plus décemment contribuer à tromper mon auditoire avec une pitrerie du premier avril.

Au moins jusqu’à l’an prochain

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La citation du jour: « C’est un effet indésirable possible de l’extrait de fugu qui sert à fabriquer le produit »
La chanson du jour: How Far I’ll Go, Auli’i Cravalho (Moana), « I come back to the water, no matter how hard I try »

Même si le nombre de gens pour croire et militer délibérément pour des vérités alternatives devient si élevé que construire des mensonges en exercice de style finira un jour par ne plus être drôle , la vie est belle !