Avant de commencer le fond de cet article, je me dois par honnêteté intellectuelle de préciser que je dispose d’un pénis et d’une paire de testicouilles ce qui, malheureusement (ou pas) risque de décrédibiliser le contenu de mon message aux yeux de certaines militantes féministes (qui ne représentent fort heureusement pas la majorité des féministes, mêmes si elles sont très présentes médiatiquement).

Ce matin, comme tous les matins, je commence ma journée par un tour d’horizon des media et de ce qui se passe dans le monde. L’une des news qui tombe sur mon plateau petit-dej entre ma pomme et mon bol de céréales est si aberrante qu’elle est à la limite de me faire arracher les cheveux. Je peste, la bouche pleine de pétales de mais et de pépites de chocolat, je m’indigne, je retweet. Je ne détaille pas encore cette news pour l’instant pour ne pas gâcher la surprise, j’y reviendrai plus tard, je pose juste le décor (ouais, t’as vu, béat lecteur, impressionnée lectrice, je suis le Spielberg de l’article de blog).

Puis je commence ma journée de bouquinage travail en gardant un oeil sur Twitter.

Et je tombe soudain sur un gazillion de tweets sur un journaliste misogyne ayant agressé une ministre en lui demandant si elle était ministre parce qu’elle était jolie. 95% des tweets reprennent en intitulé le titre de l’article qu’ils link : « Misogynie bonjour : êtes-vous ministre « parce que vous êtes une belle femme » ?« . En lisant les tweets et le titre de l’article, je trouve en effet la question absolument SCANDALEUSE, déplacée venant d’un journaliste professionel, et complètement malpolie.

Puis, j’ai cliqué sur le lien.

Surprise, je me rend compte que cet article et celui ayant failli me faire cracher des bouts de pomme à moitié mâchés ce matin ciblent la même personne… En l’occurrence, la ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique : Fleur Pellerin. Du coup, je relis attentivement l’article sur la misogynie que, j’avoue, j’avais uniquement survolé (mais j’ai une excuse, comme dit plus tôt j’étais en train de bouquiner travailler), et j’écoute l’interview de ce matin et la fameuse question… jusqu’au bout. Et là je me rend compte que les retweets (et le titre de l’article) tronquent une partie de cette question. Ce qu’à demandé le journaliste (de bout en bout) est « Savez-vous vraiment pourquoi vous avez été choisie ? Parce que vous êtes une belle femme issue de la diversité ? Parce que vous appartenez à une minorité peu visible ? Que vous êtes la preuve de ce qu’est une adoption réussie ? Que vous êtes un signal fort donné aux marchés asiatiques ? Peut-être aussi parce que vous êtes compétente ? Est-ce que vous le savez vraiment ?« . A la première question, on se dit qu’il est misogyne. A la seconde, on se dit qu’en plus, ce con est raciste. Et quand il parle d’adoption réussie et de signal aux marchés asiatiques, on hallucine pendant trente secondes, on se demande ce qu’il a fumé, on se dit que sa question est ABSURDE

Et là, quand on réfléchit trente secondes, ça fait tilt. Oui, c’est une question absurde. Qui en devient du coup, après réflexion, légitime. En effet, je reviens au début de mon article (tu as vu, assidu lecteur, patiente lectrice, Spielberg, je te dis) parce que l’article qui m’a fait bondir ce matin concerne aussi Fleur Pellerin, et ses déclarations d’hier sur la neutralité du net. Vous pouvez les retrouver dans cet article ==> « Fleur Pellerin annonce la mise à mort de la neutralité du net« . Dans cet article, et dans ses déclarations d’hier aux rencontres de Petrarque, on voit que la ministre ne maitrise absolument pas l’un des dossiers majeurs de l’économie numérique du moment (la neutralité du net, donc), qu’elle se trompe intégralement sur la définition de ce concept (pour le ministre qui doit travailler dessus, ça fait tache) et que là encore, en conséquence, elle semble n’être qu’un pantin fantoche agité devant les caméras et avec le tampon « Made in Government » pour faire propre, mais dont le discours est dicté par les intérêts économiques des gros acteurs industriels français, aux dépens du consommateur et du bon sens. En gros, elle démontre que (comme certains de ses prédécesseurs de droite, hein, pas de teinte partisane de ma part ici, c’est juste que plus ça « change », plus c’est la même chose) c’est une ministre qui ne maitrise absolument pas les concepts du ministère qu’elle représente, et par conséquent il est logique de se poser des questions quant à sa légitimité et sa compétence. Et ça, c’est lié uniquement à ses DÉCLARATIONS, pas à son sexe, son origine, sa religion, ou la marque de ses sous-vêtements.

Que la question du journaliste soit maladroite, je suis le premier à l’admettre. A sa place, j’aurais probablement commencé par les éléments les plus IMPROBABLES à toute question sérieuse (genre le signe aux marchés asiatiques), ou j’en aurais fait 3 caisses de plus (« Parce que vous vous appelez Fleur et que le premier ministre adore les bouquets ? Parce qu’il ne restait plus que ce ministère quand les postes ont été distribués au hasard ? »), mais il semble évident que ce que cherchait surtout à faire ce journaliste, c’était de mettre en question l’incompétence de son interlocutrice au vu de ses déclarations de la veille. Très, très, très maladroitement. D’autant plus que, lourdement partagé sur les réseaux sociaux, ce buzz négatif en vient à totalement noyer l’autre information liée à l’intéressée qui avait commencé à tourner dès hier, et qui me semble autrement plus grave et « digne d’indignation »… Masquer une information grave et inquiétante en faisant beaucoup de bruit sur autre chose ? Attaquer la forme pour surtout, SURTOUT faire oublier le fond ? Check. Ça me rappelle les années Sarko… Et j’avoue que quand je vois une élue de la majorité réclamer la tête du journaliste, ça me fait froid dans le dos et je trouve ça indécent, beaucoup plus indécent que sa maladresse.

A quand un monde où les postes seront distribués en fonction des COMPÉTENCES des candidats, et où les gens seront jugés sur leurs déclarations et leurs actes, indépendamment de leur sexe, de leur couleur, de leurs croyances, de leur orientation sexuelle, ou de leur image ? On peut toujours rêver…

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La citation du jour: « Il faut savoir que quand le sein pousse, le téton gratte ! »
La chanson du jour: As I roved out, Loreena McKennitt, « And who are you, me pretty fair maid, and who are you, me honey? »

Même si j’en connais une paire qui ne vont pas aimer cet article, la vie est belle !