« et vous, heures propices ! Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours »

Nous sommes le 3 janvier au moment où j’écris ces lignes de Lamartine, encore entouré de quelques cadavres de bouteilles, d’étoiles multicolores et de ballons. Certes, ceux qui me connaissent un peu pourraient avoir tendance à rejeter la faute sur ma légendaire procrastination et mon talent inné pour esquiver tant que possible les corvées ménagères excessives, mais pour une fois, ce n’est pas le cas…

Dressons le décor, et remettons cette absence de rangement (ou plutôt ce rangement lent et trèèèèèèèès progressif) en contexte. Je ne suis pas particulièrement fan de Noël, au grand dam de la fiancée. Déjà parce que j’ai pris l’habitude de célébrer Yule plutôt que Noël, et parce que cette fête reste pour moi une bad combo entre des efforts mercantiles visant à doper artificiellement l’économie en capitalisant sur une culpabilisation face à l’obligation morale d’offrir à ses proches des cadeaux à ce moment précis* et le symbole du détournement des fêtes païennes par les chrétiens entre le IVè et le Vè siècle de notre ère dans une tentative de manipulation (réussie) pour faciliter la conversion des fidèles. En gros, une fête qui titille à la fois ma fibre anticléricale et ma fibre anti-excès-de-la-société-de-consommation. Elle était mal partie dans la vie. Peut être aussi que je n’ai tout simplement jamais été touché par « la magie de Noël™©« . Quoi qu’il en soit, si je participe de bon coeur à la liesse générale du 25 décembre, c’est plus par instinct grégaire et pour ne pas gâcher la fête de ceux et celles qui apprécient cette fête en tirant la djeule ou (pire encore!) en les privant de ma présence. Oui, je sais, je suis bonté et don de soi. Ne me remerciez pas.

* (je plaide coupable, je reçois des cadeaux et j’en fait de bon coeur, mais je préfèrerais que le « budget Noël » soit affecté tout au long de l’année et qu’il y ait moins de tabous à offrir des cadeaux pour le plaisir quand on en a envie, et inversement à ne pas en offrir le 24 à minuit)

En revanche, une semaine plus tard, jour pour jour, le réveillon de noyelle se transforme en réveillon de la Saint Sylvestre. Et ça, pour moi, c’est l’un des plus beaux jours de l’année. Déjà parce que c’est l’une des rares fêtes qui n’est absolument pas liée de près ou de loin à une quelconque célébration religieuse (OK, techniquement on augmente le compteur d’années par rapport à l’an 1 choisi par convention religieuse, mais sorti de cet écart il n’y a pas plus séculier que cette fête), et aussi parce que c’est une occasion en or de se tourner à la fois vers le passé (bilan de l’année) et l’avenir (bonnes résolutions, espoirs) tout en étant fermement ancré dans le présent (mégateuf avec les potes). Ce mélange temporel en fait une fête absolument universelle et complète à mes yeux. La fête du nouvel an est donc en haut du top 3 de mes dates récurrentes favorites (avec le premier avril et Halloween… Et mon anniversaire, aussi, mais mon anniversaire est une date importante pour TOUT LE MONDE alors ça ne compte pas).

Le fait d’avoir acheté une maison il y a bientôt deux ans m’a permis pour la première fois cette année d’inviter plutôt que d’être invité. Sympathique lecteur, sensuelle lectrice, ne m’en veux pas de ne pas t’avoir invité à la fête, mais mon salon est petit et il n’y avait pas la place pour 200 personnes. C’est donc à une petite dizaine que les dinosaures, la fiancée et moi-même nous sommes retrouvés chez moi pour un bon repas et une soirée jeux-rires-alcool sous le signe de l’amitié. Je pense ne pas être trop prétentieux en disant que malgré quelques petits cafouillages logistiques la fête était très réussie. Beaucoup de gens ont quitté ma tanière avec un sourire aux lèvres, et le mien est toujours peint sur mon visage en mode non-stop depuis trois jours malgré un début de crève (merci Quenta). En ce qui me concerne, c’était mon meilleur réveillon de nouvel an depuis des années, et il figure sans rougir dans le top 3 de tous les réveillons de nouvel an restés dans ma mémoire (les deux autres étant probablement le réveillon massif dans un chalet avec les potes des 4 coins de France il y a trois ans, et un réveillon mémorable avec feu d’artifice maison tiré bourrés près du temple protestant à Metz dans le mépris le plus total des règles de sécurité avec le groupe de potes rolistes avec qui je trainais avant mes dinosaures… mmmmh… Patrick, Robert, Renaud, Dominique et Cédric, vous voici officiellement rebaptisés mes « trilobites« ). C’est donc cette nostalgie rémanente de cette soirée mémorable qui m’empêche de faire le ménage aussi efficacement que je le pourrais (et devrais).

Promis, c’est pas (que) la flemme!

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La citation du jour: « C’est Jean-Luc et Philip, ils m’ont fait boire! »
La chanson du jour: New Year’s Day, U2, « We can break through… Though torn in two, we can be one. »

Même s’il faudra attendre l’an prochain pour remettre ça, la vie est belle !