De la force des liens face à la rouille du Temps
Comme dit dans le précédent mini article, cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas écrit de nouvel article sur Tears. Il serait facile d’énumérer une liste d’explications ou d’excuses, travail intense, manque d’inspiration, période creuse l’an dernier suite à l’aller-retour de la Petite Princesse dans ma vie qui me démotive toujours lorsque je me rends compte combien ma production littéraire “en solo” me plait moins que lorsqu’elle gravite, même en périphérie, dans ma vie. La Vie ™, tout simplement, peut expliquer ce genre de choses. Parfois, le temps et l’espace lient et délient les connections entre les personnes. Ce blog, en ce sens, fonctionne un peu comme un ami proche, toujours fidèle, toujours à portée d’un appel ou – en l’occurence – d’un clic de navigateur sur mon portail wordpress.
La comparaison n’est pas innocente. Outre la petite princesse, l’année qui précède cet article (et plus particulièrement ces derniers mois) s’est déroulée sous le signe de la reprise de contact avec des amis chers mais distants, qu’une séparation physique ou un manque de temps mutuel avaient gardés loin de moi.
Il y a quelque chose de grisant lorsqu’on revoit une personne qui a compté, qui compte, et qui avait en pratique disparu de sa vie depuis un long moment (jusqu’à huit ans, par exemple ! Ce chiffre devant avoir sans doute un signification particulière puisque c’est non moins de cinq personnes différentes non vues depuis cet intervalle de temps précis qui sont à nouveau rentrées dans ma vie au cours de ces six derniers mois). Il est grisant de voir que cette séparation, quelle qu’en soit la cause (très différente pour les deux derniers exemples que j’ai en tête) ne remet absolument pas en cause les liens réels entre nous.
Je pense sincèrement que la vie est faite de rencontres, qui vous marquent et laissent leur empreinte en vous, plus ou moins profondément. En disant cela, je m’attends à ce qu’un nombre non-nul d’entre vous pense au monologue d’Edouard Baer dans Astérix, mais je préfère citer Paul Eluard, qui écrivait “Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des Rendez-Vous”. Lorsque ces rencontres et ces empreintes sont suffisamment profondes et mutuelles, alors en un sens il n’est pas forcément nécessaire de chercher à maintenir un contact permanent et sans interruption. Même lorsque la vie s’arrange pour garder éloignés, un temps, les éléments d’une telle relation, il est fantastiquement simple de se retrouver et de se remémorer ces liens, comme si le temps et la distance n’avaient été qu’un stand-by, l’utilisation du bouton pause du lecteur de BluRay au milieu d’un excellent film.
En dépit de mon ego démesuré et de la relative stabilité de mon caractère et de mes idées, il serait absurde de chercher à nier qu’en huit ans, malgré cinq années de perdues, j’ai changé. Les valeurs qui rythment ma vie et les concepts auxquels j’ai voué mon temps et mon énergie restent globalement les mêmes, mais il y a toujours des altérations dans tout ce qui se trouve en périphérie, du comportement quotidien aux expressions courantes, des idées nomades au langage corporel, même le plus conservateur des êtres humains reste une créature dynamique et soumise à l’entropie, l’idée d’une stase cognitive et d’une stabilité intellectuelle parfaite est un fantasme irréaliste. Celles et ceux que j’ai revu depuis ont, tout aussi objectivement, changé également. S’il faudrait sans doute plus de temps pour analyser ces changements en profondeur, satisfaire ma curiosité quant à leur cause, la conséquence extérieure est évidente. Mais les liens qui nous lient, eux, n’ont pas changé, et ça fait toute la différence.
La première fois que je me suis fait cette réflexion au cours de ces quinze derniers mois est lorsque j’ai retrouvé la Petite Princesse. Malgré le silence et les années perdues, la force de ce qui nous lie était toujours présente. Mieux encore, les aspects les plus négatifs de nos échanges avaient été balayés par le temps, comme si un conservateur de musée avait pris soin d’eux, éliminant les impuretés pour mettre le chef d’oeuvre en valeur. Et en dépit de la fin chaotique de nos retrouvailles, je savais que cette nouvelle séparation n’était pas un point final entre nous. Ces dernières semaines m’ont donné raison. Plus récemment, revoir ou reprendre contact coup sur coup Ophélie, Le Coach, Fabienne Franseuil, le Sex Toy, et la Petite Graine après une longue absence a fini de cimenter cette certitude en moi.
Le Temps est rarement mon allié, et mon complexe de Peter Pan grandit et s’aggrave d’année en année – je le sais, et je l’assume. Mais même s’il serait présomptueux de le considérer sur ce point comme un allié, je suis heureux de cette entente cordiale entre nous et de sa politique de non-intervention sur mes relations qui s’essaiment, alors qu’il serait si simple pour lui de mettre à profit ses vagues cruelles et constantes pour leur faire subir la même lente érosion qu’il impose à ma patience et à ma foi en l’humanité. Si mes tempes n’ont pas le choix d’accepter les quelques cheveux gris que le Temps commence à leur imposer, comme pour souligner mon appréciation du Doctor Strange, les élans du coeur restent insolamment immaculés face à son habituelle entropie. Si l’amertume a remplacé certaines de mes illusions, je reste convaincu que ces élans font partie des rares élément immarcescibles de ma vie, et lui donnent de la valeur à l’aune de tous ces échanges.
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La citation du jour: « Pascal putain de tactile de ta mère làààà »
La chanson du jour: Friend will be friends, Queen, « When you’re through with life and all hope is lost, Hold out your hand cos right till the end – Friends will be friends »
Même si mes pensées ont parfois un goût amer, la vie est belle !
Imprimer l'article | Cette entrée a été posté par Paul de Senquisse le 22 février 2017 à 20 h 02 min, et placée dans TotN. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou bien un trackback depuis votre site. |