• Étant en partie je pense l’étincelle-haïe de cet article, je m’autorise quelques lignes, qui mériteraient certainement beaucoup plus tant le sujet est moins manichéen qu’il semble avoir été présenté par notre serviteur au sang bleu-chaud.

    Je cite donc « (…) Qui vont partager une vidéo se moquant d’une minorité marginale parce que ha ha hu hu sont cons ces gens là, ils sont pas comme nous, les normaux, les Mieux ™. Les mêmes qui ne vont jamais dénoncer leur pote qui va siffler une fille en jupe dans la rue, ni expliquer à tonton René que sa blague tirée des forums du FN entre la poire et le café du repas de Noël est carrément déplacée et de mauvais goût. Ces gens, convaincus d’être du bon côté, passent plus de temps à essayer de donner des leçons aux personnes tentant désespérément d’exprimer leur souffrance ou leur colère vis à vis d’une injustice, que de temps à essayer de faire changer les choses. (…) »

    Quel portrait, quelle condamnation, quel amalgame certainement non volontaire, inspiré d’une colère non dissimulée.

    En bref, faisant sûrement partie d’une autre catégorie de Mieux ™, sur un repère égocentrique, j’ai l’audace comme dirait l’autre de l’outrance, oui, mais certainement pas de l’insulte. En riant d’une activité, en fait non, en me moquant d’une activité, et non des personnes la pratiquant faut-il tristement le préciser dans ce monde à tendance « demolition man » – paix et félicité à tous, je m’exprime – quel fou – et souvent à contre-courant, au risque du pilori et mises au ban. Un vrai pachyderme-iconoclaste dans un magasin de porcelaine. Et oui, les personnes font ce qu’elles veulent dans leur coin, bien sûr dans le respect de l’autre, cet enfer. Mais non, une doctrine, une idée, une activité, n’est pas hors de portée d’une tomate, elle non plus, aussi blanche soit son apparence. Et cela ne remet pas en cause pour autant un principe d’ensemble ou de tolérance. Va savoir, celui qui jette la tomate est peut-être même du mauvais côté de la Vérité ™. Ou du bon, ou du mauvais, ou du bon, ou du mauvais, ou nul part, suivant les époques et les points de vue.

    Mais d’un coup de plume, me voila faire partie « des Mêmes ™ », aussi rapidement qu’un coup de plume, avec la légèreté d’une enclume. Alors certes, je revendique le ha ha hu hu, mais pas la suite, mais pas du tout. Et c’est toute la différence entre l’outrance et l’insulte. Et c’est pour cela que non plus je ne sifflerai, et surtout dénoncerai le sifflement, etc. Et c’est tout sauf un « je ne suis pas… MAIS ». On peut rire de tout, mais peut-être pas avec n’importe qui.
    Tout autant que je ne suis pas convaincu d’être du bon côté, si tant est qu’il y en aie un, et plutôt que donner des leçons comme nombre de mes « amis » FB, je pratique ce qu’on appelle bêtement l »ethical management », ce qui est ma petite pierre avec effet immédiat. Va savoir, c’est peut-être même plus efficace que dénoncer sur FB…

    Mais, il y a toujours un mais, en ayant osé touché à l’intouchable, en ayant osé foulé avec mes babouches taille 75 la mosquée des idéaux immaculés, j’ai blessé, sans le vouloir, mais j’ai blessé, improbable, impossible, inconcevable, mais si, j’ai blessé. Et en retour, on m’a blessé.

    Un partout, balle au centre, c’est de circonstance. Le match reprend, je pose le maillot et rend les armes. Cela ne m’intéresse pas. Cette victoire non plus. Blesser ses proches, c’est se tuer à petit feu.
    A toi, et à un Autre dans l’au-delà, si je vous ai aussi blessé, je suis infiniment désolé.

    Le pouvoir des mots, tellement plus efficaces qu’une bonne baffe, plutôt qu’un échange philosophique. Mais forcément, entre les Mieux ™ et les Mêmes ™, pourquoi oser la confrontation d’idée?

    « Quand la colombe fréquente le corbeau, ses plumes restent blanches, mais son cœur devient noir » dit un proverbe. J’espère naïvement qu’il n’en est rien.

    Même si il n’y a rien de plus blessant que de voir des amis te juger coupable sans procès, la vie est belle!

    • #2 écrit par Paul de Senquisse
      about 6 years ago

      L’étincelle-haïe, un bien grand mot, l’élément déclencheur sans doute, une goutte d’eau d’une cruche déjà bien pleine (et que tu es loin d’être le seul à avoir rempli, même si en toute objectivité c’est loin d’être ta seule goutte, et que vu qu’elles ont toutes peu ou prou le même goût et la même couleur, tu comprendras aisément que la grande latitude de bénéfice du doute accordée initialement soit, pour chaque infraction, de plus en plus étroite), mais comme j’ai tenté de l’expliquer dans l’article, il n’est ici pas question de haine, mais plutôt d’une immense frustration et d’un grand désespoir (que ce commentaire, je m’en vois désolé de te le dire, ne fait qu’accentuer par son contenu qui souligne combien cette fois encore, tu n’as rien compris au problème qu’on te reproche, et tu t’excuses de choses qu’on ne te reproche pas…).

      Oui, on peut rire de tout, encore faut il le faire avec talent, et savoir de quoi et pour quoi on rit. Se moquer d’une bourde, d’une phrase, d’un comportement, si c’est bien fait, et avec bienveillance, ce sera toujours bienvenu, quel qu’en soit le sujet et le public. Se moquer de quelqu’un pour ce qu’il est, pour sa nature, pour ses faiblesses, juste parce qu’une différence perçue te semble hilarante, c’est juste… pas drôle? C’est blessant pour la cible, aucunement bienveillant, et ce n’est « drôle » que par réflexe pavlovien de renforcement positif de normes de sociétés. C’est, pour reprendre un leitmotiv de ces pages, Le Mal(tm). Libre à qui que ce soit de trouver ce jugement de valeur (oui, c’en est un) subjectif plutôt qu’objectif, je peux le concevoir, mais au fil des années ma patience et mon seuil de tolérance à ce sujet dans mon environnement direct est de plus en plus bas. La vie est trop courte, le monde trop vaste, et les gens trop nombreux pour que je perde et gâche mon temps avec des personnes qui ne considèrent pas « Se moquer de quelqu’un JUSTE pour ce qu’il est, c’est Mal ™ » comme un axiome non-négociable.

      Et pour expliquer plus avant ce « Les Mêmes », le postulat n’est pas que toute personne « coupable » de l’une de ces « infractions » est forcément coupable de chacune d’entre elles, mais que la portée et l’impact de chacun de ces comportements déplacés sont les mêmes, et ont probablement la même source : l’absence d’empathie sociale et le manque de remise en question personnelle.